Les nanotechnologies
Contibution pour assemblée générale 2014 du Conseil
National de la Prévention Civile
JL Pleynet, président
commision
sécurité industrielle et des transports du
CNPC
Président d'honneur de l'AFTIM
Février 2014
Généralités et rappels
Les nanotechnologies sont des technologies
qui fabriquent ou utilisent des
substances dont la dimension est d'environ un
milliardième de mètre ou
nanomètres (nm). Pour donner un repère 1 nm est
la dimension d'une chaîne de 5
à 10 atomes et un cheveu humain a un diamètre
d'environ 80 000 nm.
Le « nanos » ont
été isolés depuis seulement
quelques décennies et depuis dix ans les
scientifiques leurs propriétés
spécifiques pour créer de nouveaux matériaux, de
nouvelles structures qui sont
utilisés dans les domaines aussi divers tels que
la médecine, l'électronique,
l'alimentation, l'énergie et la protection de
l'environnement.
Les substances à l’état nano particulaires
se retrouvent de plus en plus
dans les produits de consommation du fait de
l’intérêt de leurs propriétés
particulières. Pour autant, leurs usages ainsi
que leurs profils de risques, du
fait du caractère émergent de cette technologie,
demeurent encore peu
connus.
De nouvelles applications utilisent les
'nano'
Voici quelques applications potentielles
décrites par M. Robert Damel dans la lettre du CNPC
n°37
« Dans le domaine des nanotechnologies, la
presse spécialisée mentionne les
travaux de certains chercheurs, dont ceux de la
NASA, visant le fabrication
d'un ascenseur spatial destiné à la mise en
orbite des satellites. »
« Une autre information concerne la création
de nano-usines dans lesquelles
seraient fabriqués des nano-rassembleurs rendant
possible l'assemblage d'atomes
différents, ou leur propre assemblage, pour
former des tissus ou des matériaux
grâce aux particules de taille nanométrique et
aux fragments d'ADN contenus
dans leurs réservoirs. »
De nombreuses autres applications se
développent en particulier dans le
domaine des sciences
médicales.
Voici ce qui est exposé dans le magazine «
Futura-sciences
» de novembre 2013 : « les chercheurs placent
beaucoup d’espoirs dans les
nanotechnologies pour trouver de nouveaux
traitements contre les cancers. Par
exemple, on pense utiliser des nanoparticules
pour transporter des substances
actives au cœur des cellules. Mais l’on peut
aussi mettre à profit les
nanosciences pour faire de la prévention plus
efficacement. L’idée est de
détecter les premiers signes de la maladie le
plus tôt possible. Les scientifiques
savent ainsi que dans de nombreuses cellules
cancéreuses, les taux d’oxyde
nitrique (NO, ou monoxyde d’azote) sont anormaux
par rapport aux cellules
saines, même si l’on n'en comprend pas très bien
les raisons. »
Dans cet article il est aussi souligné que «
depuis quelques années, les
membres du laboratoire de Michael Strano au MIT
développent des capteurs à base de nanotubes de
carbone pour détecter des
molécules bien spécifiques. En enveloppant ces
nanotubes avec une séquence
d’ADN particulière, ils en ont fait des nano
capteurs capables d’identifier la
présence de NO. En se fixant sur un nano
capteur, la molécule modifie ses
propriétés de fluorescence lorsqu’on l’illumine
avec de la lumière laser dans
l’infrarouge. De manière générale, la
fluorescence des tubes augmente ou
diminue en fonction du type de molécules que
l’on veut identifier. »
Cette application nous a amené à examiner
quelles sont les propriétés de
ces nanotubes de carbone. Voici donc un coup de
projecteur sur ce nano-
élément.
Coup de projecteur sur les nanotubes de
carbone (annexe figure 1)
Généralités
Ces éléments ont été identifiés dans les
années 90 sont des tubes creux
dont le diamètre st d'environ un nanomètre et
dont la longueur est de quelques
micromètres.
Un filament présente une résistance de 100
fois supérieure à l'acier, pour
un poids divisé par six avec de plus une
résistance peu commune aux hautes
températures.
Les propriétés électriques, mécaniques et
thermiques laissent entrevoir de
nombreuses applications notamment dans les
domaines tels que la
microélectronique, les matériaux (car ils sont
potentiellement cent fois plus
résistants et six fois plus légers que l'acier)
et comme nous l'avons vu les
sciences médicales.
Risques santé
Sur le plan des risques liés à la santé
l'INRS estime que les études
toxicologiques sont insuffisantes et recommande
d'appliquer le principe de
précaution.
« Bien que leur existence soit déjà connue
du grand public en raison des
multiples applications prometteuses, les dangers
pour la santé des nanotubes de
carbone n'ont été que peu étudiés. Les
publications existantes, parfois
extrêmement sommaires, ne dévoilent que des
données insuffisantes pour évaluer
les risques encourus suite à une exposition aux
nanotubes de carbone.
Or, compte tenu de l'engouement suscité par ces
nouvelles substances chimiques,
le nombre de travailleurs exposés devrait
s'accentuer au cours des prochaines
années. Il s'avère donc nécessaire de faire un
point sur les caractéristiques
et les applications des nanotubes de carbone,
sur les connaissances
toxicologiques actuelles et sur les moyens de
prévention à mettre en œuvre lors
de leur manipulation. Il est recommandé, jusqu'à
ce que l'importance des
expositions professionnelles et les risques sur
la santé humaine correspondants
soient mieux connus et évalués, d'appliquer le
principe de précaution et de
rechercher le niveau d'exposition le plus bas
possible. »
Le marché mondial des nanotubes de carbone
et son avenir
Le marché mondial devrait atteindre 1
Milliard d'Euros d'ici l'an prochain
mais certains disent que du fait des risques
liés à ce matériau (peut-être à
rapprocher de l'amiante) et de la concurrence
des pays asiatiques, la
production en Europe serait peu
attractive.
Autres produits nano particulaires: de
nouveaux risques sont identifiés
Commission Européenne. Le Comité
scientifique des risques sanitaires
émergents et nouveaux de la Commission
européenne (CSRSEN) soumet jusqu'au 2
février 2014 à consultation publique son avis
préliminaire visant à évaluer les
effets des nanoparticules d'argent (nano-argent)
sur la sécurité, la santé et
l'environnement ainsi que leur rôle dans la
résistance
antimicrobienne.
Estimant qu'il "subsiste certaines
inquiétudes concernant les nanoparticules
d'argent", la Commission européenne a
mandaté en 2012 le CSRSEN sur ce
projet d'avis scientifique. Cette saisine du
comité intervient dans un contexte
réglementaire européen visant à renforcer la
sécurité des nanomatériaux mis sur
le marché de l'UE. La Commission européenne a
adopté en octobre 2012 une
communication soulignant qu'il
faut "soumettre les nanomatériaux à
une évaluation des risques, qui devrait être
réalisée au cas par cas, sur la
base d'informations pertinentes. Les méthodes
actuelles d'évaluation des
risques sont applicables, même si des travaux
sur certains aspects sont encore
nécessaires."
Les nanoparticules d'argent (NP-Ag) seront
évaluées dans le cadre du
règlement Reach de
l'UE sur les substances chimiques.
La Commission envisage en effet de modifier
certaines des annexes du règlement
concernant les nanomatériaux, présents dans des
substances ou des mélanges, et
a encouragé l'Agence européenne des produits
chimiques (Echa) à élaborer de
nouvelles orientations pour les enregistrements
après 2013. Le règlement
biocides, entré en vigueur le 1er septembre
2013, prévoit également que les
nanomatériaux entrant dans leur composition
soient soumis à autorisation et
étiquetés. Une procédure qui vise notamment le
nano-argent utilisé comme
bactéricide.
En France l’Agence nationale de sécurité
sanitaire de l’alimentation, de
l’environnement et du travail (Anses) doit
également évaluer différentes
substances dans leur forme nano particulaire,
notamment dans le cadre du
dispositif réglementaire « biocides » (dioxyde
de silice, rapport en cours de
finalisation), du plan d’action communautaire
pour l’évaluation des substances
du règlement REACH (dioxyde de titane dont les
travaux prévus en 2014), et du
programme de travail de l’agence (nano-argent
dont le rapport attendu pour
2014).
Le point sur l'information et sur la
prévention des risques liés aux
nanoparticules
Où en sommes-nous de la déclaration
obligatoire des substances à l'état
particulaire (en application du règlement
Européen REACH) ?
Plus de 930 déclarants, dont plus de 90
fournisseurs étrangers, ont réalisé
3400 déclarations au 30 juin 2013, date limite
pour déclarer les substances
fabriquées, distribuées ou importées en
2012.
Depuis le 1er janvier 2013, les fabricants,
les distributeurs et les
importateurs de substances à l’état nano
particulaire doivent déclarer
annuellement auprès du ministre chargé de
l’environnement l’identité, les
quantités et les usages de ces
substances.
Les 3400 déclarations vont faire l’objet
d’une analyse par l’Agence
nationale de sécurité sanitaire de
l’alimentation, de l’environnement et
du travail qui pourra les utiliser dans le
cadre de son travail
d’évaluation des risques.
Un rapport public, a été mis en ligne en
novembre 2013 sur le site r-nano
du ministère de l'écologie, du développement
durable et de l'énergie. Il
recense les substances déclarées et leurs
usages.
D'autres avancées ont lieu dans le domaine
de l'information des
consommateurs. Ainsi, depuis juillet 2013, tout
produit cosmétique contenant un
nanomatériau doit voir figurer dans la liste de
ses ingrédients la mention
[nano] à la suite du nom de la substance
concernée. Des obligations
d’étiquetage similaires sont entrées en vigueur
depuis septembre 2013 pour les
produits biocides et entreront en vigueur en
décembre 2014 pour les produits
alimentaires.
Coup de projecteur sur les activités de
l’Institut National de Recherche
Sanitaire dans le domaine de la protection des
travailleurs (INRS) dans le
domaine des « nano ».
L'INRS a été très active en 2013 dans le
domaine des « nano ».
Voici quelques-unes de ses
réalisations.
·
Un nouveau laboratoire
de l’INRS dédié à l’étude des
risques liés aux nanomatériaux dans le monde du
travail
Pour répondre à la manipulation croissante
de nanomatériaux dans le monde
du travail l’INRS s’équipe d’un nouveau
laboratoire.
Situé sur son centre de Vandœuvre-lès-Nancy
(Meurthe et Moselle), le Pôle
nano de l’INRS regroupe sur 500 m² des activités
de recherche portant sur la
toxicité des nanomatériaux, sur la
caractérisation des expositions
professionnelles ainsi que sur la performance
des équipements de protection
collective et
individuelle.
Déjà utilisés dans différents secteurs
industriels (BTP, cosmétique,
agro-alimentaire, automobile...), les
nanomatériaux présentent un potentiel
d’innovation technologique important et dans le
même temps, soulèvent de
nombreuses questions quant aux risques éventuels
pour l’homme et
l’environnement. Toutefois, les financements
consacrés à la recherche sur les
risques restent bien en deçà de ceux destinés au
développement de ces nouveaux
matériaux. Les applications augmentent,
accroissant de ce fait le nombre de
travailleurs susceptibles d’être exposés. C’est
pourquoi l’INRS se mobilise
depuis déjà plusieurs années pour apporter des
réponses et les mettre à la
disposition des entreprises et des
laboratoires.
Le Pôle nano permet, en outre, de mutualiser
les installations et les
ressources humaines ainsi que de favoriser les
synergies entre les différentes
disciplines. Les équipes de l’INRS, composées de
toxicologues, physiciens,
chimistes et experts en aéraulique travailleront
ensemble dans ce laboratoire
en lien avec des partenaires nationaux (centres
de recherche, universités) et
internationaux (organismes homologues allemand,
danois, finlandais…).
Ce nouveau laboratoire a été conçu et équipé
suivant les recommandations
émises par l’INRS pour la prévention des risques
dans les laboratoires où sont
manipulés des nanomatériaux
manufacturés.
·
Communication INRS : analyses
statistiques de mesures temps réel d’exposition
professionnelle à des nano
particules d’argent
L'objectif de cette communication est de
présenter deux techniques
statistiques permettant d'exploiter des données
issues de mesures en temps réel
d'un aérosol de nano particules d'argent. Les
avantages et inconvénients sont
présentés, ainsi que des éléments de bonnes
pratiques concernant la collecte de
mesures en adéquation avec leur exploitation
future.
·
Pictogramme de signalisation
pour les nanomatériaux (figure 2)
Ce pictogramme, créé par l'INRS, peut être
utilisé sur un panneau
d'avertissement et de signalisation pour
indiquer la présence de nanomatériaux
dans un local de travail (atelier,
laboratoire...). Il peut être donc apposé à
l'entrée d'un local où sont manipulés des
nanomatériaux, mais aussi sur les
équipements de travail, les poubelles ou les
armoires de stockage. Préconisé et
mis à disposition par l'INRS pour répondre aux
exigences d'avertissement et de
signalisation du risque, ce pictogramme ne
figure pas cependant dans la
réglementation relative à la signalisation de
santé et de sécurité au
travail.
·
L'INRS propose (en
2014) la mise en place d'un stagedestiné<
span
style='font-size:12.0pt;font-
family:"Arial","sans-serif";mso-fareast-font-
family:
"Times New Roman";color:#444444;mso-fareast-
language:FR'> à améliorer la
caractérisation et la prévention des risques
liés aux nanomatériaux
manufacturés. Ce stage destiné aux chercheurs,
ingénieurs, techniciens
manipulant des nanomatériaux, médecins,
préventeurs d'entreprise concernés par
une activité professionnelle faisant usage de
nanomatériaux. Il a pour objectif
d'intégrer des connaissances sur les
nanomatériaux en vue d'engager une
démarche de prévention. Son contenu rassemble
les connaissances scientifiques
actuelles et les outils actuellement disponibles
pour construire un programme
de prévention
Fiche technique :
référenceCJ1030
Durée2,5 jours à Vandoeuvre-lès-
Nancy
Nanoscience et formations universitaires:
quelle place pour le risque
santé?
Sans avoir encore échangé avec les
responsables des unités d'enseignement
qui ont mis à leur programme des formations sur
le « nano » nous vous proposons
de balayer rapidement le contenu technique de
ces formations. Un travail
ultérieur consistera à revoir avec ces unités
quel contenu « santé » est
incorporé dans ces cursus.
Pour l'ENS Cachan
De par les compétences acquises en nano
physique, nano-optique, physique et
chimie des nanostructures, physico-chimie des
surfaces, microscopie, imagerie,
procédés de nano fabrication, nanomatériaux et
nano biotechnologies, les
métiers visés par cette spécialité sont très
fortement liés au domaine des
nanosciences et des technologies émergentes :
chercheur et
enseignant-chercheur, ingénieur de recherche et
développement dans le domaine
de l’optique, la nanoélectronique, la chimie,
les matériaux, les biosciences,
les biotechnologies, la santé…
Les diplômés pourront poursuivre leurs études
dans le cadre de la préparation
d’un doctorat au sein d’un laboratoire
académique ou de recherche industrielle
dans le cadre, par exemple, d’un contrat Cifre.
Pour Grenoble
La filière Physique-Nanosciences a pour
objectif de former des ingénieurs
et des chercheurs experts en physique et en
nanotechnologies. Ils répondent
aussi bien aux besoins des centres de recherche
et développement industriels
dans les domaines de la microélectronique, des
dispositifs optiques, des
télécommunications qu'à ceux des laboratoires de
recherche publique (CNRS,
Universités, CEA).
Les spécialités
·
Physique de la matière
condensée
·
Physique pour le
vivant
·
Nano physique et
nanostructures
·
Physique subatomique et astroparticules
span>
·
Astrophysique, plasmas,
planètes
·
Physique pour les micro et
nanotechnologies
·
Optoélectronique
Conclusion
Comme nous l'avons déjà écrit le domaine des
nanoparticules est un vaste
univers en expansion.
Il n'y a pas d'homothétie entre les
propriétés physiques, chimiques et les
risques santé des produits 'non-nano' et
'nano'.
La connaissance préalable qui permettrait la
mise en place d'une prévention
proactive n'existe pas d'une manière
systématique et l'on a vu dans cet exposé
plusieurs cas où l'on est devant le fait
accompli.
Des actions sont menées par les autorités et
par des organismes de
prévention sont de plus en plus pertinentes mais
la recherche préalable des
risques potentiels est encore trop peu
développée.
Sources
·
Le Comité scientifique des risques
sanitaires émergents et nouveaux de la
Commission européenne (CSRSEN)
·
L’Institut National de Recherche Sanitaire
dans le domaine de la protection
des travailleurs (INRS)
·
Article R. Damel
dans la lettre du CNPC n
°37
·
Site www.r-
nano.fr
·
Magazine Futura-
Sciences
Pour en savoir plus sur le dispositif
législatif en place :
Les articles L. 523-1 à 523-3 du Code de
l’environnement prévoient la mise
en place, depuis le 1er janvier 2013, d’un
dispositif de déclaration
obligatoire des quantités et des usages des
substances à l’état nano
particulaire mises sur le marché en France.
Cette obligation concerne les
fabricants, les importateurs et les
distributeurs de substances à l’état nano
particulaire. Ce dispositif doit permettre de
mieux connaître les substances
mises sur le marché et leurs usages, de disposer
d’une traçabilité des filières
d’utilisation, d’une meilleure connaissance du
marché et des volumes
commercialisés et enfin de collecter les
informations disponibles sur les
propriétés toxicologiques et écotoxicologiques de ces
substances.